Les champignons sauvages mortels de nos régions le sont principalement sous forme d’intoxications alimentaires (rarement par contact). Les chiens aussi sont victimes de ces intoxications. Elles ont presque toujours comme origine une confusion avec un champignon comestible quasi identique pour les hommes, une absence de reconnaissance pour les chiens lors de ses promenades dans la campagne – ou dans votre jardin.
Et le fait que certains champignons sont “grignotés” ne garantie pas leur iniquité. La limace peut les manger sans être incommodée et sans danger pour elle, ce qui n’est pas le cas pour l’homme ou pour le chien.
Les symptômes : ils viennent en dernier lors de l’évolution de l’intoxication par les champignons sauvages mortels
Les symptômes viennent en dernier dans l’enchainement qui conduit à l’intoxidation. Mais c’est certainement la chose la plus importante qu’il faut connaitre, en cas d’intoxitation par les champignons – normalement à connaître avant même la décision de manger des champignons !
Les symptômes de type diarrhée, vomissements, nausées, tremblements, vertiges, troubles de la vue, etc. doivent inciter les patients et professionnels de santé à appeler sans délai le centre 15 ou le centre antipoison le plus proche pour les humains et un cabinet vétérinaire s’il s’agit de votre animal domestique. Ne pas oublier de mentionner la consommation récente de champignons.
A noter aussi que certains champignons peuvent aussi être toxiques par les métaux lourds qu’ils contiennent (plomb, cadmium, mercure, radionucléides). Certaines espèces en accumulent facilement et parfois en grande quantité (Catastrophe nucléaire de Tchernobyl), y compris pour des champignons souterrains (truffes dont Elaphomyces granulatus notamment).
Les champignons sauvages mortels les plus dangereux de nos régions
Dans nos régions, ils existe en particulier deux familles de champignons qui comptent des espèces mortelles, et pour lesquelles le risque de confusion avec des espèces comestibles est important :
- Les amanites : les plus dangereuses sont l’amanite phalloïde (responsable à elle seule de la majeure partie des intoxications mortelles), l’amanite printanière et l’amanite vireuse. L’amanite tue-mouche, célèbre pour son chapeau rouge souvent tacheté de blanc, est moins toxique que ses sœurs. Voir ci-dessous.
- Les lépiotes : lépiote brune, lépiote brun-lilas, lépiote brun-rose, autant d’espèces potentiellement mortelles. Voir ci-dessous.
Il faut y ajouter le cortinaire couleur de rocou, la galère marginée, le paxille enroulé et la pézize en couronne, aussi très vénéneux. Quant aux russules, bien que moins dangereuses que les précédents, elles sont non comestibles mais très courantes, et les limaces s’en régalent : ne vous fiez pas à un chapeau grignoté pour juger de la toxicité d’un champignon. Ce qui est vénéneux pour l’homme ne l’est pas forcément pour les gastéropodes !
Les champignons sauvages mortels à connaître (et reconnaître)
Si certains champignons sauvages sont comestibles, d’autres sont plus ou moins toxiques ou même mortels. Il faut donc être très vigilant et apprendre à les connaître. Cortinaires, amanites, lépiotes sont très dangereux et leur l’ingestion peut être mortelle.
Les amanites, les plus célèbres
Les amanites forment la catégorie de champignons probablement la plus dangereuse. Six espèces sont mortelles en France. Elles ont en commun la présence d’un anneau sur leur pied et d’avoir une volve à la base du pied. Sous le chapeau, les lamelles sont blanches et libres.
Amanite phalloïde
C’est probablement la plus célèbre des amanites (Amanita phalloides). Elle est aussi responsable de la majorité des morts par empoisonnement.
Elle est très courante. On peut la rencontrer sous les feuillus, parfois sous les conifères, de juillet à novembre, et surtout en septembre et octobre.
Son chapeau est le plus souvent verdâtre (parfois jaune ou blanc) et légèrement strié (caractéristique parfois absente). Le pied semble tigré : il porte des fibrilles verdâtres entre la volve et l’anneau.
L’amanite phalloïde est hautement toxique pour le foie et les reins.
Les premiers symptômes apparaissent 48h près l’ingestion, et sans intervention médicale d’urgence (greffe de foie), la mort intervient en 1 à 2 semaines (par hépatite aigüe et insuffisance rénale).
Amanite printanière
Bien que plus rare, l’amanite printanière (Amanita verna) est plus rare mais également mortelle.
On la rencontre de mai à septembre dans le sud de la France, en forêt de feuillus (chênes, châtaigniers) ou de conifères.
Le pied est blanc et lisse, et le chapeau blanc à jaune pâle.
Amanite vireuse
Il s’agit d’amanite blanche et encore mortelle : l’amanite vireuse (Amanita virosa).
Ne pas se fiez pas à sa couleur blanc pur : elle est tout aussi toxique et mortelle que les deux précédentes ! Le pied est la plupart du temps fibreux à laineux, l’anneau est mince et fragile, le chapeau est charnu et sa forme varie de conique à plus étalée selon le stade de développement.
L’amanite vireuse est présente surtout dans les zones montagneuses et dans le nord de la France, dans les bois de feuillus, entre août et octobre.
Amanite tue-mouche
L’Amanite tue-mouche ou fausse oronge (Amanita muscaria), a a une couleur peu commune rouge à points blancs.
C’est le plus célèbre des champignons réputés dangereux. Toutefois, elle n’est pas la plus toxique, bien qu’elle puisse causer des troubles graves. Elle provoque des symptômes digestifs et nerveux, une ivresse, puis le sommeil, voire le coma.
Elle est aisément reconnaissable à son chapeau de couleur rouge vif, parsemé d’écailles ou verrues blanchâtres, qui peuvent disparaître sous l’effet de la pluie. Avec l’âge, le chapeau peut virer à l’orange. Le pied est blanc à blanc crème, plus ou moins floconneux.
Amanita muscaria se rencontre près des bouleaux et de différents conifères, de juillet à décembre.
Amanite panthère
L’amanite panthère (Amanita pantherina) est dangereuse. Elle peut provoquer la mort dans certains cas (dans le cas de quantités ingérée importante ou celui des jeunes enfants).
L’ingestion cause le même type de troubles que l’amanite tue-mouche. br>On la trouve de juillet à décembre dans les bois de feuillus ou de conifères. Le chapeau est assez mince, de couleur brune à brun-jaune, et parsemé de petites verrues blanches et poudreuses qui peuvent disparaitre avec la pluie et faciliter la confusion avec l’amanite des césars, un délicieux champignon comestible. Le pied est blanchâtre, clair, et l’anneau est fin, large, pendant. Il peut aussi disparaître sous l’effet des intempéries.
Amanite jonquille
Amanita gemmata ou Aamanite jonquille Amanita junquillea), est un champignon psychotrope potentiellement toxique. Il provoque les mêmes symptômes que l’amanite panthère et l’amanite tue-mouches. La toxicité varie selon les spécimens.Ccette amanite est rarement dangereuse mieux vaut s’en méfier et ne pas la consommer. Elle se rencontre d’avril à janvier sous les feuillus et les conifères. Le chapeau est jaune clair, ocre voire blanchâtre, il porte généralement des débris de la volve ; les bords sont striés. Le pied est d’aspect assez variable, nu ou plus ou moins floconneux.
Les lépiotes, champignons sauvages mortels
Dans la catégorie des Lépiotes, tout peut se rencontrer. Le fait de se ressembler entre elles rend difficile leur sélection. Il faut se méfier en particulier des petites lépiotes, souvent toxiques, voire mortelles.
Lépiote blonde
La lépiote blonde (Lepiota helveola), aussi nommée lépiote brune ou lépiote rougissante en raison de la couleur variable de son chapeau selon son âge. C’est un champignon qui peut être mortel et qui présente les mêmes symptômes d’intoxication que l’amanite phalloïde.
Son chapeau est convexe puis plat, de couleur ocre à rose incarnat. D’abord feutré, il prend un aspect pelucheux puis écailleux en vieillissant. Le pied est court (4 cm de haut au maximum), rose pâle à brun clair rougeâtre. On rencontre cette lépiote dans les prés et les lisières de forêt, en été et en automne.
Lépiote brun incarnat
Il s’agit aussi d’une autre petite lépiote, Lepiota brunneo-incarnata ou lépiote brun incarnat, qui est mortelle. Heureusement c’est assez rare. Lorsqu’elle est implantée sur un site, elle peut s’y avérer abondante.
Elle se développe de juillet à décembre sur les sols riches (riches en humus ou ayant reçu des apports de fumiers), notamment les pelouses de jardins ou les prés accueillant du bétail ou des chevaux.
Le chapeau convexe puis étalé présente en son centre une calotte foncée, d’où son autre nom : lépiote mamelonnée. La couleur de fond est blanchâtre, avec des plaques brun roux. Le pied, de couleur blanchâtre, est court et porte un anneau.
Lépiote de Josserand
La lépiote de Josserand, Lepiota josserandii, est un champignon mortel et qui peut pousser dans les jardins, les parcs, les vignes et les prés (il aime les sols riches et les espaces dégagés), entre juillet et décembre.
Son chapeau étalé et concave en son centre présente une calotte brune et des squames beige rose pâle se détachant d’un fond blanchâtre. Le pied, cylindrique, est de couleur crème à rose saumon et porte un anneau légèrement laineux, non mobile.
Les 3 cortinaires, aussi champignons sauvages mortels
Il existe 3 espèces de cortinaires présentes en France et qui sont mortelles : le cortinaire resplendissant (Cortinarius splendens), qui pousse notamment sous les hêtres de septembre à décembre, le cortinaire couleur de rocou (Cortinarius orellanus) que l’on rencontre au pied des chênes et des bouleaux de juillet à décembre, et le cortinaire très joli (Cortinarius speciosissimus), qui affectionne le pied des conifères. Les trois se ressemblent beaucoup, on peut les distinguer par leur couleur de leur chapeau :
- jaune vif plus pâle sur les bords et parfum brun orangé au centre (avec des écailles sombres) pour Cortinarius splendens ;
- jaune orangé puis brun rougeâtre pour Cortinarius orellanus ;
- brun orangé à ocre foncé pour Cortinarius speciosissimus.
La galère marginée
La galère marginée (Galerina marginata) est un champignon potentiellement mortel, toxique pour le foie, qui déclenche les mêmes troubles que l’amanite phalloïde.
Le chapeau est convexe, lisse et brillant, de couleur jaune à brun-roux, en passant par l’orangé, les marges sont plus claires et striées. Le pied est blanc crème à ocre.
La galère marginée se rencontre du milieu de l’été à la fin de l’automne, souvent sur des souches (préférentiellement de conifères, parfois de feuillus).
La cudonie en cercle
Le Cudonia circinans est un petit champignon de quelques centimètres de haut, à l’aspect un peu étonnant. Il est très toxique, potentiellement mortel.
La tête est de couleur ocre à blanchâtre, avec des marges fortement enroulées, lui donnant une forme irrégulière (comparées parfois aux circonvolutions d’un cerveau!). Le pied est strié, brun, rougeâtre vers sa base. La cudonie en cercle ou cudonie circulaire pousse en été et en automne, en particulier en août-septembre, sous les conifères.
Suppléments : quelques champignons toxiques mais non mortels
Le bolet satan (Boletus satanas) et le bolet blafard (Boletus luridus) ont mauvaise réputation. On les dit parfois mortels, mais le premier est seulement toxique et provoque des vomissements (symptômes de gastro-entérite, sans gravité sauf pour les enfants ou les personnes âgées). Le second est toxique lorsqu’il est cru, comme les morilles, mais la cuisson lui retire sa toxicité.
Même chose pour l’entolome livide (Entoloma lividum), dont l’ingestion cause des troubles digestifs importants et une atteinte du foie ; mais la guérison est la plupart du temps spontanée.
Conséquence : précautions à prendre avec votre chien
Les chiens, leur foie et leurs reins sont tout aussi sensibles que les humains aux champignons toxiques. Et il s’agit d’intoximations souvent mortelles. Il est donc impératif de ne pas tolérer que votre chien mange les champignons sauvages de votre jardin ou lors de promenades dans les forêts et à la campagne. Cependant les champignons peuvent aussi être bénéfiques pour la santé de votre chien. Sauf si vous êtes expert en champignons, limiter leur consommation à ceux comestibles pour l’homme, clairement identifiés ou médicamenteux – et bien sûr dans les quantités recommandées. Voir notre article : Champignons pour chien : comment connaitre les bénéfiques, poisons et médicinaux