La résistance du chien aux maladies dépend directement de son système de défense immunitaire. La protection immunitaire a en effet pour mission de protéger l’organisme contre des envahisseurs étrangers ou dangereux pour le corps.
C’est l’objectif de cet article : vous sensibiliser au fonctionnement du système immunitaire. De ce fait, vous reconnaitrez les conséquences d’un système immunitaire qui ne rempli plus son rôle contre les maladies que votre chien peut attraper.
La défense immunitaire dans sa globalité et la résistance du chien aux maladies
Le corps du chien (et des humains) utilise des défenses “graduées” à plusieurs niveaux et en fonction de la progression de la maladie :
- les défenses non spécifiques qui sont en première ligne de la protection immunitaire globale
Il s’agit principalement des barrières physiques – comme la peau, des voies respiratoires et muqueuses de l’intestin.
Nous incluons ces dernières dans le système de défense immunitaire global des organes car elles participent vraiment et plus qu’il n’y parait, à la défense de l’organisme(1). - le système immunitaire
Il s’agit du “dispositif” qui réagit après que les barrières physiques n’ont pu empêché l’entrée des pathogènes dans le corps ou les organes. Très souvent, lorsque l’on parle du “système immunitaire” c’est de cette partie du système de la défense immunitaire globale qui est discuté. Mais cette définition est restrictive en ce qu’elle exclut les défenses non-spécifiques et le système immunitaire complémentaire qui sont aussi très importants et font aussi partie du “système de défenses immunitaires” total. Le système immunitaire est certes très important et dans ce qui suit, il sera au l’objet de plusieurs paragraphes sous l’appellation de “système immunitaire” - le système immunitaire complémentaire (ou système du complément) en dernier recours
Reste encore et en plus à citer, faisant partie du système de défense immunitaire, le système immunitaire complémentaire. Il comprend une série d’enzymes qui agissent en cascade en dernier recours sur les pathogènes récalcitrants. Très souvent les études médicales ne mentionnent même pas ce système immunitaire complémentaire.
(1) L’intérieur du nez, par exemple, est recouvert de mucus pour capturer le pollen et la poussière avant qu’ils ne deviennent un problème en les empêchant de pénétrer dans le corps . C’est aussi une fonction immunitaire, mais puisque elle est “passive” (sans interaction) et “non spécifique” (non spécialisée), souvent elle n’est pas comptée dans le cadre du système immunitaire.
Qu’en est-il aussi, des milliards de bactéries “bénéfiques” qui tapissent chaque centimètre carré du tube digestif en bonne santé, de la bouche à l’anus ? Ils fournissent une barrière passive contre l’envahissement par des agents pathogènes. Mais pour elles, c’est une réalité un peu plus complexe car un certain nombre d’entre elles sont aussi actives : elles tuent effectivement ces mêmes organismes pathogènes.
D’autres bactéries produisent des stimulants biochimiques comme le facteur de transfert et la lactoferrine L. plantarum, par exemple, qui a la capacité d’éliminer des milliers d’espèces de bactéries pathogènes.
Un auatre point à noter : les bactéries bénéfiques dans le tube digestif représentent 60 à 70 % de l’activité du système immunitaire total. Néanmoins, souvent les textes médicaux, ne les étudient pas comme faisant simplement partie du système immunitaire.
La première résistance du chien aux maladies : les barrières physiques du corps
La première ligne de défense contre les envahisseurs comprend des barrières mécaniques ou physiques :
- La peau
- La cornée des yeux
- Les membranes qui tapissent les voies respiratoires, digestives, urinaires et celles de l’appareil reproducteur
Tant que ces barrières restent intactes, il est impossible à de nombreux envahisseurs de pénétrer dans l’organisme. Si l’une de ces barrières est rompue, par exemple si des brûlures étendues lèsent la peau, le risque d’infection augmente à travers la partie endommagée.
De plus, ces barrières sont protégées par des sécrétions qui contiennent des enzymes capables de détruire les bactéries pathogènes. La sueur, les larmes dans les yeux, le mucus des voies respiratoires et digestives ou les sécrétions vaginales en sont des exemples.
Rôle du système immunitaire dans le système de défense immunitaire global
Le système immunitaire joue deux rôles essentiels :
- Tout d’abord, il répond aux organismes étrangers qui pénètrent dans le corps. Le système immunitaire produit alors des anticorps et stimule les cellules spécialisées qui détruisent ces organismes “ennemis” ou neutralisent leurs sous-produits toxiques. Les envahisseurs étrangers comprennent microbes, virus, bactéries, champignons et parasites
- Mais le système immunitaire “inspecte” également en continu les cellules du corps pour s’assurer qu’elles ne “mutent” pas et ne deviennent anormales ou dégénérées. Il s’agit donc de surveiller des milliards de milliards de cellules qui composent le corps du chien (et le notre également). Normalement, le corps produit de 100 à 10 000 cellules anormales par jour, dans le cadre des processus métaboliques normaux, ou suite à une exposition à des toxines environnementales ou des carences nutritionnelles. Si le système immunitaire fonctionne correctement, il peut identifier et éliminer chacune de ces cellules avant qu’elles ne dégénèrent en une maladie grave, telle que cancer.
Dans le cadre de sa “mission” de protection du corps(1) et des organes, le système immunitaire est quelquefois “excessif” et son action inappropriée. Les manifestations qui en résulte sont les rejets des organes et tissus greffés, les maladies auto-immunes et les rejets allergiques. Ce problème est traité dans “Anomalies du système immunitaire et maladies du chien”
(1) Après tout, pourquoi les organes doivent être protégé ? Parce que leur “construction” ne procure pas la robustesse (capacité) naturelle de résister d’eux mêmes à (toutes les agressions de) leur environnement. Malgré l’évolution de l’espèce (Darwin) qui a permis d’éliminer les plus faibles, trier et conserver la lignée des plus robustes, le système immunitaire reste toujours indispensable pour la protection vis à vis du monde “extérieur” à l’organisme (le “non-soi”). Il l’est tout autant pour régir les règles de fonctionnement internes des organes.
Comment définir le système immunitaire ?
Le système immunitaire ne se voit pas, en tout cas pas comme un pied, une jambe, un bras. C’est aussi vrai pour le système immunitaire complémentaire d’ailleurs (Voir ci-dessous).
Aussi du fait de ses multiples fonctions, des interactions dans son fonctionnement complexe (lorsque on va dans le détail), le système immunitaire n’est pas si simple à définir qu’il n’y paraît. Il est souvent tout aussi difficile d’expliquer avec précision les dérèglements de son fonctionnement.
Autre fait troublant : nous ne le contrôlons pas, pas plus que la gente canine. Ce n’est pas une action du cerveau qui décide “d’actionner” le système immunitaire. Ses décisions et interactions sont “autonomes” et il est en continu en “fonctionnement” sans que nous le sachions.
Médicalement et en général, le système immunitaire est “compris” comme étant les cellules et les organes qui contribuent à une réponse active de l’organisme contre les envahisseurs étrangers et aussi contre les cellules “déviantes” autoproduites par le corps (Ex : cellules cancéreuses).
Principes de fonctionnement utilisés par le système immunitaire
Le fonctionnement du système immunitaire est simple dans son principe (mais complexe et astucieux dans sa réalité):
- Afin de défendre l’organisme contre ses “envahisseurs”, le système immunitaire doit être capable de distinguer (“reconnaitre”)
- Ce qui appartient au corps (baptisé le “soi”) qu’il doit protéger
- Ce qui n’en fait pas partie (exogène ou étranger) qu’il doit éliminer (appelé le “non-soi”)
- Les substances que le système immunitaire peut reconnaître s’appellent des antigènes. Si ces antigènes sont perçus comme dangereux (par exemple, s’ils peuvent causer une maladie), ils doivent stimuler une réponse immunitaire défensive du système immunitaire de l’organisme.
Les antigènes sont très variés. Ils peuvent être situés à l’intérieur ou à la surface des bactéries, des virus, d’autres micro-organismes, des parasites ou des cellules cancéreuses. Dans d’autres cas, il peut même s’agir de substances indépendantes de ces organismes, autonomes, telles que des molécules alimentaires ou des pollens.
Pour être normale et complète, une réponse immunitaire à une “attaque” d’un pathogène, implique les éléments suivants :
- Reconnaissance d’un antigène étranger (“non-soi”) et potentiellement dangereux
- Activation et mobilisation des “forces” du système immunitaire pour se défendre contre cet antigène
- Attaque de cet antigène
- Contrôle de l’évolution des “opérations de protection déclenchées par le système immunitaire” et fin de l’attaque
Le système du complément dans la résistance du chien aux maladies
Le système du complément ou système immunitaire complémentaire est le 3ème volet de la défense de protection du corps du chien, après que les autres n’ont pas été suffisants. Il fait partie de l’immunité innée(1) Il est constitué de plus de 30 protéines qui agissent de manière séquentielle dans une série de réactions : une protéine en active une autre, laquelle en active une autre, et ainsi de suite, pour lutter contre l’infection. On appelle cette séquence la “cascade du complément”.
Les “protéines du complément” assurent de nombreuses fonctions dans l’immunité acquise aussi bien que dans l’immunité innée :
- Tuer directement les bactéries
- Contribuer à leur destruction en se fixant à elles, facilitant ainsi leur identification et leur ingestion par les neutrophiles et les macrophages
- Attirer les macrophages et les neutrophiles vers un site infecté
- Neutraliser les virus
- Aider les cellules immunitaires à mémoriser certains envahisseurs (pour le futur)
- Favoriser la formation des anticorps
- Améliorer l’efficacité des anticorps
- Aider le corps à éliminer les cellules mortes et les complexes immunitaires (consistant en un anticorps fixé à un antigène)
(1) L’immunité innée est celle qui correspond à des mécanismes immunitaires permettant la défense de l’organisme contre les agents infectieux de façon immédiate car disponibles dans le corps. Ces mécanismes de défense ne demande aucun apprentissage de la part du système immunitaire, ne sont pas “spécialisés” ou spécifiques contre une espèce particulière d’agent pathogène.
Plan d’action lors d’une attaque pathogène : la réponse immunitaire normale
La réponse immunitaire efficace du système immunitaire “normal” comprend 4 phases successives pour assurer la résistance du chien aux maladies.
1. Reconnaissance des pathogènes
La résistance du chien aux maladies n’est possible que si le système immunitaire reconnait qu’il y a des envahisseurs dans les organes. Pour pouvoir les détruire, il doit aussi être capable de faire la distinction entre les éléments exogènes (étrangers) et les éléments endogènes du corps. Le système immunitaire est à même de faire cette distinction, parce que toutes les cellules présentent des molécules d’identification (antigènes) à leur surface. Les molécules “du-soi” (endogènes) sont de ce fait reconnues comme telles tandis que les micro-organismes exogènes (du “non-soi”) sont aussi reconnus parce qu’ils présentent à leur surface des molécules d’identification étrangères.
Chez l’homme, les molécules “du-soi” les plus importantes sont appelées “antigènes leucocytaires humains” (HLA)(1) ou “complexe majeur d’histocompatibilité” (CMH)
Mais les CMH ne sont pas les seules. Certains globules blancs, les cellules B (lymphocytes B), sont capables de reconnaître directement les envahisseurs. D’autres par contre, les lymphocytes T, ont besoin de l’aide d’autres cellules dites “cellules présentatrices d’antigènes”(2)
(1) Les molécules HLA sont appelées “antigènes”, car, si elles sont transplantées, lors d’une greffe de rein ou de peau par exemple, elles peuvent déclencher une réponse immunitaire chez une autre personne (normalement, elles ne génèrent aucune réponse immunitaire chez la personne d’origine).
Chaque personne (ou chien) possède une combinaison de molécules HLA presque unique d’identification. Le système immunitaire de chaque personne reconnaît normalement cette combinaison unique comme endogène (“le-soi”). Une cellule qui présente à sa surface des molécules différentes de celles des autres cellules du même organisme est identifiée comme étrangère (le “non-soi”). Le système immunitaire l’attaque alors.
Cette cellule peut être une cellule de tissu transplanté ou une cellule de l’organisme d’origine qui a été infectée par un micro-organisme envahisseur ou altérée par un cancer. Lorsqu’une personne a besoin d’une greffe d’organe, ce sont les molécules HLA du donneur et celles du receveur que les médecins essaient “de faire correspondre”.
(2) Cellules présentatrices d’antigènes
1. Les cellules présentatrices d’antigènes ingèrent l’envahisseur et le scindent en fragments.
2. Les fragments d’antigènes provenant de l’envahisseur sont combinés aux molécules HLA lorsqu’ils sont assemblés dans la cellule présentatrice d’antigènes.
3. Cette combinaison des fragments d’antigènes et des molécules HLA est déplacée vers la surface de la cellule.
4. Un lymphocyte T porteur d’un récepteur correspondant à cette combinaison peut alors se fixer à la partie de la molécule HLA présentant le fragment d’antigène, comme une clé dans une serrure.
5. Le lymphocyte T est alors activé et commence à lutter contre les envahisseurs possédant cet antigène.
2. Activation et mobilisation immunitaire
Pour participer à la résistance du chien aux maladies, les globules blancs doivent êtes activés(1). Ils le sont lorsqu’ils reconnaissent les envahisseurs. Par exemple, lorsque la cellule présentatrice d’antigène présente à un lymphocyte T des fragments d’antigène liés à des molécules HLA , ce dernier se fixe aux fragments et s’active. Quant aux lymphocytes B, ils peuvent être directement activés par les envahisseurs, sans intermédiaire. Dans tous les cas, une fois activés, les globules blancs ingèrent ou tuent l’envahisseur, voire les deux. Plusieurs types de globules blancs sont généralement nécessaires pour tuer un envahisseur.
La phase d’activation peut même être encore plus sophistiquée. Les cellules immunitaires, telles que les macrophages ou les lymphocytes T activés, libèrent des substances qui attirent d’autres cellules immunitaires vers le site infecté, mobilisant ainsi les défenses de l’organisme. L’envahisseur lui-même peut libérer des substances attirant les cellules immunitaires.
(1) Le temps nécessaire entre reconnaissance de l’antigène et activation des cellules immunitaire varie de 2 à 3 heures si l’antigène est déjà connu du système immunitaire (maladie déjà attrapée dans le passé relativement proche ou suite à une vaccination) et 2 à 3 jours (ou plus) si l’antigène est totalement inconnu. Cette durée est aussi variable en fonction de l’âge (niveau d’activité du système immunitaire), de l’état de santé du malade, de l’organisme lui même et des effets secondaires potentiels.
3. Régulation de la réponse immunitaire
Dans un système immunitaire réagissant normalement, la réponse immunitaire doit être régulée afin de prévenir d’importants dommages pour l’organisme. C’est le cas des maladies auto-immunes.
Les lymphocytes T régulateurs (dits “suppresseurs”) contribuent à contrôler la réponse en sécrétant des “cytokines”(1) (messagers chimiques du système immunitaire) qui inhibent (stoppent) les réponses immunitaires lorsque cela est nécessaire. Ces cellules empêchent la réponse immunitaire de se poursuivre indéfiniment.
(1) Cytokines : Les cytokines désignent de nombreuses protéines différentes sécrétées par les cellules immunitaires. Les globules blancs et certaines autres cellules du système immunitaire produisent des cytokines lorsqu’un antigène est détecté. Il existe de nombreuses cytokines différentes, qui affectent différentes parties du système immunitaire et qui agissent comme messagers (porteurs d’ordres) du système immunitaire :
1. Certaines cytokines stimulent l’activité du système immunitaire. Elles stimulent certains globules blancs afin d’en faire des tueurs encore plus efficaces et d’attirer d’autres globules blancs vers la zone affectée.
2. D’autres cytokines inhibent l’activité, contribuant à arrêter une réponse immunitaire.
3. Certaines cytokines, appelées interférons, perturbent la reproduction (réplication) des virus.
Les cytokines jouent également un rôle dans l’immunité acquise.
4. Résolution de l’attaque du pathogène
La résolution consiste à confiner l’envahisseur et à l’éliminer de l’organisme. Une fois l’envahisseur éliminé, la plupart des globules blancs s’autodétruisent et sont ingérés. Ceux qui restent sont appelés les cellules mémoire.
L’organisme conserve en effet des “cellules mémoires”, au titre de l’immunité acquise, afin de mémoriser des envahisseurs particuliers et d’y répondre plus rapidement et énergiquement (quelques heures au lieu de quelques jours) lors d’une prochaine rencontre avec ce pathogène.
Anomalies du système immunitaire et maladies du chien
La résistance du chien aux maladies est bien effective que si son système de défense immunitaire fonctionne normalement et dans sa globalité. Ce n’est pas toujours le cas, car les mécanismes de protection immunitaires sont particulièrement compliqués, nombreux et agissent souvent en cascade. Les conséquences du fonctionnement anormal du système immunitaire sont traitées dans l’article “Anomalies du système immunitaire et maladies du chien”
NOTES SUR LE SYSTEME IMMUNITAIRE DU CHIEN
Le système immunitaire de votre chien est central à sa santé et sa longévité. Nous avons édité une série de 5 articles (terminés ou en cours) sur le système immunitaire du chien. Ils vous permettront de comprendre et répondre au mieux à la plupart des aléas de santé de votre chien (Cliquez sur le lien qui vous intéresse)
Échinacée : comment bien l’utiliser pour renforcer le système immunitaire de votre chien ?
Stimulants du système immunitaire des chiens et qui fonctionnent !
Résistance du chien aux maladies : le système de défense immunitaire
Anomalies du système immunitaire et maladies du chien
Maladies thyroïdiennes du chien et le système immunitaire