Les maladies thyroïdiennes du chien sont fréquentes. Il s’agit de maladies endocriniennes (maladies hormonales) causées par un dysfonctionnement des glandes libérant les hormones concernées. Les symptômes peuvent être variés. Comme la glande thyroïde régule le métabolisme de toutes les fonctions cellulaires de l’organisme, une modification de son fonctionnement a des conséquences importantes que l’on ne peut négliger.
Maladies thyroïdiennes du chien : est ce une thyroïdie ou pas ?
De nombreux signes cliniques de dysfonctionnement de la thyroïde imitent des symptômes résultant d’autres causes. En conséquence, il est difficile de poser un diagnostic précis de maladie liée à la thyroïde sans effectuer des tests de laboratoire vétérinaires appropriés, associés à une interprétation professionnelle expérimentée des résultats des tests.
L’hyperactivité de la glande thyroïde chez le chien est rare, généralement associée à un cancer. Le cancer de la thyroïde peut aussi provoquer une hypothyroïdie, bien que cela ne soit pas fréquent chez les chiens. Nous limiterons donc cet article seulement à une réduction de la fonction thyroïdienne conduisant à l’hypothyroïdie.
Mais l’hypotrophie de la thyroïde du chien peut produire un large éventail de manifestations cliniques. Cependant, la maladie le plus courante est la thyroïdite auto-immune, à prédisposition héréditaire, pour plus de 60% des cas. Cette maladie entraîne à terme une atrophie de la glande thyroïde – bien que la maladie soit initialement caractérisée par un goitre (augmentation légère à importante du volume de la glande). Son équivalent chez l’homme est la maladie de Hashimoto. Parmi les insuffisances thyroïdiennes primaires, au moins la moitié est le résultat d’une thyroïdite à médiation immunitaire (en relation avec le système immunitaire). Des recherches récentes se sont concentrées sur la génétique et l’immunologie des maladies thyroïdiennes canines, complétant les connaissances acquises par des études expérimentales et humaines.
Les races de chiens les plus prédisposés à l’hypothyroïdie
L’hypothyroïdie survient plus fréquemment chez les chiens de race, moyenne à grande et généralement chez les chiens d’âge moyen. Les races les plus fréquemment touchées sont le Golden Retriever, le Doberman Pincher et le Setters Irlandais.
Quels sont les symptômes de l’hypothyroïdie ?
Parmi les maladies thyroïdiennes du chien, les signes les plus courants d’une insuffisance de la fonction thyroïdienne chez le chien sont les suivants :
- perte ou éclaircicement de la fourrure
- pelage terne
- perte excessive de poils ou desquamation
- prise de poids
- activité réduite
- capacité réduite à tolérer le froid
La perte de poils se produit principalement sur le corps, en épargnant la tête et les pattes et n’est généralement pas accompagnée de démangeaisons ou de rougeurs de la peau. Certains chiens présentent un épaississement de la peau et une augmentation de sa pigmentation, en particulier dans les zones de frottement, comme les aisselles.
Les chiens hypothyroïdiens ont souvent des infections de l’oreille et présentent des douleurs, des rougeurs et des odeurs au niveau de l’oreille.
Les chiens hypothyroïdiens peuvent également développer des infections cutanées qui peuvent provoquer des démangeaisons et entraîner des plaies sur le corps.
L’accumulation de substances appelées mucopolysaccharides peut entraîner l’affaissement des muscles de la face, donnant au chien une expression faciale parfois qualifiée de “tragique”.
Parmi les signes moins courants qui peuvent être observés chez un petit nombre de chiens, citons la dilatation de l’œsophage (mégaœsophage) entraînant des régurgitations et un fonctionnement anormal des nerfs ou des muscles entraînant une faiblesse ou une capacité anormale à marcher.
Comment l’hypothyroïdie est-elle diagnostiquée ?
Les analyses de sang peuvent confirmer un diagnostic présumé d’hypothyroïdie. Les tests sanguins de dépistage de l’hypothyroïdie sont souvent réalisés sous la forme d’un panel de plusieurs tests. Les résultats de certains de ces tests peuvent être influencés par la présence d’autres maladies non thyroïdiennes. Les résultats des tests doivent donc être considérés à la lumière de l’ensemble des résultats.
Des tests thyroïdiens de base complets et des tests d’anticorps thyroïdiens peuvent être utilisés pour le dépistage génétique d’animaux apparemment sains afin d’évaluer leur aptitude à la reproduction.
Tout chien présentant des auto-corps anti-thyroïdiens circulants (signe de maladie auto-immune) peut éventuellement développer des symptômes cliniques de maladie thyroïdienne ou être sensible à d’autres maladies auto-immunes.
Une autre difficulté de diagnostic précis d’une maladie thyroïdienne précoce est le fait que certains patients présentant des signes cliniques typiques d’hypothyroïdie, ont des taux de thyroïde circulante dans la plage normale. Un nombre important de ces patients verront leur état clinique s’améliorer lorsqu’on leur donnera des médicaments pour la thyroïde.
Dans ces cas, les taux sanguins d’hormones peuvent être normaux mais les taux tissulaires sont insuffisants pour maintenir la santé, et le patient présente alors des signes cliniques d’hypothyroïdie. Cette situation se présente dans le cas d’une carence en sélénium. Alors que les animaux de cette catégorie devraient bien répondre aux médicaments pour la thyroïde, seuls les cliniciens expérimentés sont susceptibles de reconnaître la nécessité de placer ces chiens dans un essai clinique de 6 à 8 semaines de supplémentation thyroïdienne. Cette approche est sûre et cliniquement appropriée, mais elle nécessite de revérifier les taux sanguins d’hormones thyroïdiennes vers la fin de la période de 6 à 8 semaines pour s’assurer que le patient reçoit la bonne dose de médicament.
Maladies thyroïdiennes du chien : quand faire le test thyroïdien ?
Il est peu probable que le test thyroïdien en vue de dépister les maladies thyroïdiennes du chien à des fins de dépistage génétique, soit utile avant la puberté.
Le dépistage est donc initié une fois que les chiens et les chiennes en bonne santé ont atteint la maturité sexuelle (entre 10 et 14 mois chez les mâles et pendant la première période d’anestrus chez les femelles après leurs premières chaleurs).
L’anestrus est une période où le cycle sexuel de la femelle est calme, ce qui élimine toute influence des hormones sexuelles sur la fonction thyroïdienne de base. Cette période commence généralement 12 semaines après le début des chaleurs précédentes et dure 1 mois ou plus. L’interprétation des résultats des profils thyroïdiens de base chez les femelles intactes est plus fiable lorsqu’elles sont testées en anestrus. Par conséquent, il est préférable d’effectuer les tests de dépistage de la santé entre 12 et 16 semaines après le début des dernières chaleurs(1).
(1) Le dépistage d’autres paramètres chez les femelles intactes, comme la maladie de von Willebrand, la dysplasie de la hanche, les maladies oculaires héréditaires et les examens de bien-être ou de reproduction, doit également être programmé en antrus.
Renouvellement du test thyroïdien
Une fois les profils thyroïdiens initiaux obtenus, les chiens et les chiennes doivent être contrôlés à nouveau chaque année pour évaluer l’état de leur thyroïde et de leur santé générale. Les résultats annuels permettent de faire des comparaisons afin de détecter rapidement le développement d’un dysfonctionnement thyroïdien.
Cela permet d’intervenir, le cas échéant, pour éviter l’apparition ou la progression des signes cliniques associés à l’hypothyroïdie.
Pour une santé optimale, les jeunes chiens âgés de moins de 15 à 18 mois doivent présenter des taux de base de thyroïde dans la moitié supérieure des plages normales pour les adultes. En effet, les chiots et les adolescents ont besoin de niveaux plus élevés d’hormones thyroïdiennes, car ils sont en pleine croissance et en pleine maturation.
De même, les animaux âgés de plus de 8 ou 9 ans ont un métabolisme plus lent et les niveaux de base de la thyroïde des chiens normaux (euthyroïdiens) peuvent donc être légèrement inférieurs à la moyenne. Pour une fonction thyroïdienne optimale des reproducteurs, les taux doivent être proches du point médian des plages normales de laboratoire. Les taux inférieurs peuvent indiquer les stades tardifs de la thyroïdite chez les parents de familles de chiens dont la maladie thyroïdienne a déjà été documentée.
Comment traiter l’hypothyroïdie ?
Le traitement de l’hypothyroïdie nécessite l’administration d’une hormone de remplacement par voie orale pendant toute la vie du chien. Au début, l’hormone thyroïdienne est généralement administrée deux fois par jour. Une fois que le pelage commence à s’améliorer, certains chiens peuvent être maintenus sous traitement seulement une fois par jour. Il faut généralement 4 à 6 semaines avant que la repousse du poil soit apparente.
Autres facteurs influençant le métabolisme thyroïdien
Les animaux atteints de maladies thyroïdiennes auto-immunes présentent un déséquilibre métabolique généralisé ce qui conduit souvent à un dysfonctionnement immunologique associé. Il est donc conseillé de réduire au minimum leur exposition à des médicaments, des toxines et des produits chimiques inutiles, et d’optimiser leur état nutritionnel par une alimentation saine et équilibrée.
Alimentation saine et maladies thyroïdiennes du chien
L’alimentation est un élément clé du maintien d’un système immunitaire sain. D’après de nombreuses expériences, les familles de chiens susceptibles de souffrir de maladies thyroïdiennes et d’autres maladies auto-immunes sont très sensible à la qualité de leur alimentation. Elles présentent une amélioration générale de leur santé et de leur vigueur lorsqu’elles sont nourries avec des aliments à base de céréales de qualité supérieure conservés naturellement avec des vitamines E et C (sans ajout de conservateurs antioxydants chimiques tels que BHA, BHT ou éthoxyquine). Des légumes frais cuisinés à la maison avec des herbes, des produits laitiers à faible teneur en matières grasses et des viandes comme l’agneau, le poulet et la dinde peuvent être ajoutés comme compléments.
Les composants nutritionnels peuvent avoir un effet profond sur le métabolisme thyroïdien. Par exemple, une carence en iode dans les régions où les céréales sont cultivées sur des sols eux mêmes pauvre en iode altérera le métabolisme thyroïdien du chien car ce minéral est essentiel à la formation des hormones thyroïdiennes.
Lien entre carence en sélénium et hypothyroïdie
Récemment, un lien a été établi entre la carence en sélénium et l’hypothyroïdie. Là encore, les céréales cultivées sur un sol déficient en sélénium en contiennent des niveaux relativement faibles. Les fabricants d’aliments commerciaux pour animaux de compagnie compensent les variations des ingrédients de base en ajoutant des suppléments de vitamines et de minéraux, mais il est difficile de déterminer les niveaux optimaux pour un si grand nombre de races de chiens ayant des antécédents génétiques et des besoins métaboliques très différents.
Le lien entre sélénium et thyroïde a une importance clinique significative, car les taux sanguins de T4 totale et libre(1) augmentent en cas de carence en sélénium. Cependant, cet effet ne se transmet pas aux tissus, comme le montre le fait que les taux sanguins de l’hormone régulatrice de la thyroïde (TSH) sont également élevés ou inchangés.
Ainsi, les personnes (ou les chiens) carencées en sélénium présentant des signes cliniques d’hypothyroïdie pourraient être négligées du fait que les taux sanguins d’hormones T4 semblent normaux. La question du sélénium est d’autant plus complexe que les antioxydants chimiques peuvent nuire à la biodisponibilité de la vitamine A, de la vitamine E et du sélénium et modifier le métabolisme cellulaire en induisant ou en diminuant les niveaux de cytochrome p‑450, de glutathion peroxydase (une enzyme dépendante du sélénium) et de prostaglandine.
Les fabricants de nombreux aliments haut de gamme pour animaux de compagnie ont commencé à ajouter l’éthoxyquine, un antioxydant synthétique, à la fin des années 1980. Ses effets, ainsi que ceux d’autres conservateurs chimiques (BHA, BHT), sont certainement néfastes à long terme. La façon d’éviter ce problème est d’utiliser des aliments conservés avec des antioxydants naturels tels que la vitamine E et la vitamine C.
(1) La glande thyroïde produit principalement l’hormone T4, et en moindre quantité la T3. Elles sont régulées par l’hormone TSH.
NOTES SUR LE SYSTEME IMMUNITAIRE DU CHIEN
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