Chien-batard-freres-et-soeur-de-couleur-differente

Chien bâtard, sans race, croisé, hybride. Différences et avantages

Chien bâtard a sou­vent une conno­ta­tion péjo­ra­tive(1) et pas seule­ment dans le monde des chiens. Pourtant, pour nous, avoir un com­pa­gnon dit bâtard, croisé, cor­niaud, mixte, hybride nous apporte autant de plai­sir, d’a­mour et d’at­ta­che­ment que les chiens de race pure.
Et j’ou­bliais, ils donnent aussi beau­coup moins de pro­blèmes en géné­ral, sur­tout du côté santé.

(1) Qui dépré­cie la chose ou la per­sonne dési­gnée.

Chien bâtard, croisé, corniaud, mixte, hybride : quelles différences

Une por­tée hétéroclite

Un chien bâtard est celui dont les parents ne sont pas de la même race, même si cha­cune est recon­nue par les Clubs canins (ex : père “Basset des Alpes” et mère “Berger Australien”) ou un seul des parents est de “race pure” et l’autre de race indé­ter­mi­née. De ce fait, il ne peut avoir l’ap­pel­la­tion de “chien de race”, ne peut être ins­crit au Livre des Origines Français – LOF et ne peut avoir un pedi­gree déli­vré par la Société Centrale Canine – SCC.
Un chien croisé a, pour nous, la même signi­fi­ca­tion que chien bâtard. Un “cor­niaud” est sou­vent entendu comme le chiot d’un père et d’une mère qui ne peuvent être rat­ta­chés à aucune race. Quant à “chien mixte”, il pro­vient du terme anglo-​saxon syno­nyme de chien croisé.

batard-hybride-entre-coyotte-et-chien-domestique
Hybride entre coyote et chien domestique

Bien que sou­vent l’ap­pel­la­tion “chiens hybrides” veut signi­fier dans l’es­prit de beau­coup aussi “chiens croi­sés”, la réa­lité est un peu dif­fé­rente. Un chien hybride est nor­ma­le­ment le résul­tat d’un accou­ple­ment entre 2 espèces dif­fé­rentes de cani­dés. Par exemple entre un loup et une chienne ou vice versa. Dans ce cas pré­cis il s’a­git alors d’un “chien-​loup” (en 2 mots liés par un tiret). Il faut noter à ce sujet que parmi les mul­tiples repro­duc­tions entre chiens et loups, 2 seule­ment ont donné nais­sance à 2 races recon­nues aux registres des races pures. Il s’a­git du Chien-​loup tché­co­slo­vaque (ber­gers alle­mands et de loups de Carpates) et du Chien-​loup de Saarloos (au départ ber­ger alle­mand et louve sibé­rienne). Les autres “chiens hybrides” sont de simples bâtards.

Un bâtard serait-​il un chien de race qui aurait perdu sa pureté originelle ?

Il faut aussi noter que pour beau­coup, le chien de race sous-​entend une pureté dans les “gènes” des chiens appar­te­nant à “sa” race pure. Les chiens bâtards étant, eux, “pol­lués”, “dégé­né­rés” au fil des géné­ra­tions en s’é­car­tant du “pro­to­type” du cahier des charges que décrit le “stan­dard” des Clubs canins. (Voir notre Chien de race – Comment faire enre­gis­trer son chien au LOF).

Avant 1850, la notion de race comme nous l’en­ten­dons aujourd’­hui, n’exis­tait pas : il s’a­gis­sait “d’es­pèces de chiens”, “genres de chiens” qui étaient plus ou moins clas­sés par leur uti­lité. “Chiens de chasse”, “chiens de ber­gers”, “chiens de garde”.
Cela veut dire que tous les chiens étaient bâtards, puisque “mélan­gés” pour obte­nir des chiens “de tra­vail”. Par exemple, il était cou­rant et nor­mal de faire des croi­se­ments entre chiens doués pour la chasse de mor­pho­lo­gie, aspect et/​ou cou­leurs dif­fé­rents, aussi long­temps qu’ils étaient de bons chasseurs.

Dans cette “his­toire” des chiens bâtards “d’a­vant 1850”, venait s’a­jou­ter l’i­dée de chiens ayant perdu leur pureté ori­gi­nelle de races plus anciennes. Des études ont d’ailleurs été effec­tuées dans l’an­cienne Egypte, à la recherche de races contem­po­raines des pha­raons.
Avec les pro­grès de la géné­tique et de la car­to­gra­phie du génome du chien (2005), des recherches plus récentes ont démon­tré que tout cela n’é­tait pas la réa­lité. Le “mélange” des races de chiens a tou­jours existé avec quel­que­fois quelques par­ti­cu­la­ri­tés régio­nales iso­lées du reste du monde – mais tou­jours pour une période limi­tée. Le chien a suivi l’homme dans son périple mon­dial, le bras­sage géné­tique des chiens s’est effec­tué paral­lè­le­ment à celui des humains. Voir le livre de Dominique Guillo “Des chiens et des humains”

La réa­lité sur les chiens de race, recon­nue aujourd’­hui, est en effet toute autre et pro­vient “d’é­vé­ne­ments” beau­coup plus récents, comme nous apprend l’his­toire des Clubs canins, leur ori­gine et la “créa­tion” de cha­cune des 370+ races pures aujourd’­hui réper­to­riées dans leurs registres. (Voir notre article Races de chiens : 377 au total. LOF et pedi­gree).

Un chien de race pure : un bâtard qui s’ignore ?

C’est seule­ment dans la 2ème par­tie du 19eme siècle, avec l’ap­pa­ri­tion des Clubs canins bri­tan­niques, des concours de chiens cen­trés sur la mor­pho­lo­gie et la beauté de l’a­ni­mal qu’est apparu la notion de hié­rar­chie entre chiens de race et “les autres”. Voir notre article Choisir son chien, de race, croisé, bâtard ? Critères de choix

Il faut aussi s’ar­rê­ter un ins­tant sur la façon dont se sont “crées” cha­cune des races depuis 1850. A l’o­ri­gine, c’é­tait l’i­dée de per­pé­tuer un “type” de chien qui plai­sait à un homme ou à un groupe d’a­mis ou encore un type de chiens pré­sents régio­na­le­ment et qui de ce fait avaient des res­sem­blances (du fait d’un bras­sage limité des gènes). D’où la défi­ni­tion d’un “stan­dard de race” pour cha­cune de ces chiens.
Et pour rapi­de­ment “figer” l’as­pect et le com­por­te­ment de ces chiens, la repro­duc­tion se fai­sait par des rap­pro­che­ments consan­guins, repro­duc­tions entre fille et père, fils et mère, frère et sœur, donc dans la même famille. Il est sûr que les gènes repro­dui­saient l’as­pect phy­sique (la res­sem­blance recher­chée) mais aussi toutes les tares (gènes por­teurs de mala­dies géné­tiques), gènes qui se retrou­vaient “concen­trés” dans chaque génome à chaque géné­ra­tion, sans “bras­sage” parmi une popu­la­tion impor­tante. D’ailleurs, aujourd’­hui même, avec la car­to­gra­phie du génome du chien ter­mi­née depuis 2005, il est simple de retrou­ver des gènes “de races” dont l’o­ri­gine peut être tra­cée au “départ” de la race. 

C’est donc en ce sens que l’on peut dire qu’un chien de race a tou­jours un chien bâtard pour ori­gine de sa lignée. Mais au final, cela n’a que peu d’im­por­tance : l’a­ma­teur de chien de race a ses rai­sons. Celui des chiens croi­sés ou bâtards a les siennes, rai­sons qui sont loin d’êtres négligeables.

Les avantages d’avoir un chien bâtard ou un corniaud

  • Si vous ache­tez un chiot bâtard, vous aurez pro­ba­ble­ment des indi­ca­tions sur la ou les races connus des parents de la géné­ra­tion pré­cé­dente. Si c’est le cas, vous aurez la pos­si­bi­lité d’é­va­luer la taille, le carac­tère et peut être la cou­leur finale lors­qu’il sera adulte. Mais avec beau­coup d’incertitudes !
  • Si vous éle­vez un chien “cor­niaud” sans ascen­dance connue, il sera presque impos­sible de savoir, lors­qu’il est chiot, à quoi votre bâtard va res­sem­bler à l’âge adulte. Vous aurez en tout cas, un chien unique au monde et en “édi­tion” limi­tée (à ses frères et sœurs éventuellement). 
  • Par ailleurs, le chien bâtard n’est pas vendu au même prix que les chiens de race et ce choix peut donc vous per­mettre d’é­co­no­mi­ser de l’argent. Vous appré­cie­rez cer­tai­ne­ment, d’au­tant qu’il vous en aimera tout autant !
  • Comme ils sont le fruit du hasard, les cor­niauds ont moins de risques de déve­lop­per des mala­dies héré­di­taires que la moyenne des chiens de race. De plus les chiens bâtards sont répu­tés pour être moins fra­giles aux mala­dies clas­siques.
    Il a été réper­to­rié plus de 500 mala­dies géné­tiques(1) chez le chien – En soi, ce n’est pas la consan­gui­nité qui est res­pon­sable des mala­dies géné­tiques. Mais si un chien repro­duc­teur est por­teur d’un gène mutant, non seule­ment il le trans­met­tra, mais la fré­quence de ce gène se mul­ti­pliera beau­coup plus rapi­de­ment dans une petite popu­la­tion (chiens de race).
  • Vos frais de vété­ri­naire seront donc pro­ba­ble­ment beau­coup moins impor­tants. A signa­ler à ce sujet que les rem­bour­se­ments des mala­dies géné­tiques des chiens de race ne sont sou­vent pas pris en compte par les assu­rances (Voir les “exclu­sions” des contrats, tou­jours en petits caractères). 
  • L’espérance de vie des chiens bâtards est aussi plus éle­vée (de l’ordre de 2 ans) que celle des chiens de race ce qui vous per­met­tra de pro­fi­ter plus long­temps de votre chien. Et du fait que le chien bâtard est moins sujet aux mala­dies, sa vieillesse sera le plus sou­vent moins dou­lou­reuse (Handicaps, mala­dies chro­niques, dégé­né­ra­tives qui frappent sur­tout les chiens de race)

Les inconvénients à avoir un chien croisé

Les chiens bâtards peuvent aussi pré­sen­ter quelques incon­vé­nients propres à leur état de corniauds :

Deux-chiens-batard-bergers-australiens-couleur-et-taille-differentes
Deux frères de taille et d’as­pect différents
  • Comme leur ascen­dance est incon­nue, il est impos­sible de pré­voir le carac­tère d’un chien bâtard.
    Si vous avez des enfants, il est peut-​être pré­fé­rable d’op­ter pour un chien de race dont vous pour­rez connaître le tem­pé­ra­ment ou d’adop­ter un chien bâtard adulte.
  • La taille et l’ap­pa­rence d’un chien bâtard ne peuvent pas non plus être devi­nées.
    En pra­tique, si vous n’a­vez pas l’es­pace néces­saire (appar­te­ment, jar­din) pour un grand chien, il vaut mieux évi­ter d’op­ter pour un bâtard puisque vous ne sau­rez pas la taille qu’il attein­dra une fois adulte. Ou, là encore, adop­ter le chien lors­qu’il est devenu adulte.
    La dif­fi­culté est d’au­tant plus grande si le père et la mère sont connus et de tailles assez dif­fé­rentes : il est très pro­bable qu’une par­tie de la por­tée aura la taille du père, l’autre de la mère et une troi­sième par­tie “entre les deux”.
    Cependant, la taille des pieds d’un chiot bâtard peut être uti­li­sée pour avoir une idée de sa taille future. Plus les pieds du chien sont grands com­pa­rés à son corps, plus grand il sera une fois adulte.
    A l’âge de quatre mois, un chien doit à priori faire deux tiers de sa taille adulte définitive.
  • Il est nor­ma­le­ment facile de pré­voir le carac­tère d’un chien bâtard lorsque l’on connait les races de ses parents et si le com­por­te­ment de cha­cun d’eux est très sem­blable.
    Evidemment, si les parents “de race” sont carac­té­riel­le­ment très dis­sem­blables ou s’ils sont incon­nus (chiens cor­niauds), le com­por­te­ment du chiot n’est pas pos­sible à pré­voir. D’autant qu’il est sou­vent impos­sible de remon­ter l’arbre généa­lo­gique d’un chien bâtard à plus d’une géné­ra­tion. Ou alors, là encore, attendre l’âge adulte avant d’a­dop­ter votre ami.

Les risques héréditaires génétiques des chiens bâtards

Il faut aussi noter qu’un chien bâtard n’est pas exempt des risques héré­di­taires géné­tiques. Mais ils sont moindres que ceux des chiens de races. Pourquoi ?

Nous avons résumé ce qui est vrai pour un chien de race dans notre article “Hérédité et Chien de race – Conséquences sur leur santé”. L’opposé est tout aussi vrai pour un chien bâtard

  • Moins de “proxi­mité paren­tale” entre père et mère, plus le risque de mala­dies géné­tiques du chiot est faible.
  • Plus le nombre de repro­duc­teurs est impor­tant plus les risques géné­tiques sont faibles
  • Plus la popu­la­tion d’une espèce est grande, plus les risques de gènes “com­muns” d’a­no­ma­lies géné­tiques sont faibles.

Dans notre article “Hérédité et Chien de race – Conséquences sur leur santé” nous expli­quons les liens qui existent entre chro­mo­somes, gènes, allènes et génomes du chien.

Mais bien sûr, il n’est pas exempt qu’un chien bâtard soit “mar­qué” dans son génome, par une ano­ma­lie récente ou loin­taine de ses “ancêtres”. Mais le risque est faible, sauf dans le cas de chiens bâtards issus de 2 parents de pure race, qui eux peuvent plus sur­ement appor­ter des tares héré­di­taires. Voir en par­ti­cu­lier “Bases de la Génétique chez le chien”.

En consé­quence, le chien “cor­niaud” est peut être moins à risque qu’un chien bâtard. Cependant, il faut noter que le nombre de chiens bâtards est énorme, le nombre de repro­duc­teurs aussi. Il y a peu de risque à ce qu’un chiot ait des géni­teurs “parents proches” (sauf peut être dans les éle­vages “inten­sifs”).

Tests génétiques appliqués aux chiens bâtards

Un autre point à signa­ler est la pos­si­bi­lité de faire effec­tuer un test géné­tique de votre chien. Ces tests ne sont pas réser­vés aux seuls chiens de race. 

Un test géné­tique pour un chien bâtard per­met­tra de définir :

  • s’il n’a pas dans ses gènes des ano­ma­lies liées à une mala­die géné­tique connue. Cela est d’au­tant plus vrai si votre chien a une des­cen­dance récente de race pure (par exemple, chiot croisé de 2 races pures différentes)
  • de quel “sang mêlé” il peut se pré­va­loir : 20% ber­ger alle­mand + 30% de rott­wei­ler + 50 % ber­ger belge, par exemple. Les labo­ra­toires s’ap­puient en effet sur les génomes connues des races pures ins­crites aux Livres des ori­gines, qu’ils com­parent avec le génome de votre chien. 

Le coût de ces tests n’est pas pro­hi­bi­tif (de l’ordre de 100 €) et fonc­tion de votre demande (vous avez des choix).

Nous citons ci-​dessous 3 de ces labo­ra­toires. L’achat d’un kit envoyé par la poste per­met de faire un “relevé” de salive qui doit être ren­voyé au labo­ra­toire. Les résul­tats sont retour­nés sous 2 à 3 semaines. Choisir le test qui vous convient (il y a pour cer­tains plu­sieurs niveaux d’expertise). Le coût est de l’ordre de 100 € :
Test “Wisdom Panel” : Cliquez sur Winsdom Panel
Test ADN “Embark” : Cliquez sur “Embark ADN test
Test “DNA My Dog” : Cliquez sur DNA My Dog

Un commentaire sur “Chien bâtard, sans race, croisé, hybride. Différences et avantages

  1. MaxPao says:

    J’ai un chien qui est sang mêlé, un père bor­der col­lie LOF et une mère croi­sée braque et labra­dor. Il est en pleine pot à 7 ans. Il court avec moi n’a aucun pro­blème de santé et fait très jeune. Il est bien cos­taud et haut sur pâte envi­ron 31 kilos.
    Il est d’une grande intel­li­gence et très gen­til. Un peu fou­fou c’est un grand bébé dans sa tête.
    Si je pou­vais j’ai­me­rai avoir un des­cen­dant de mon chien, je le connais, je sais que c’est une bonne bête. C’est un véri­table regret pour moi de ne pou­voir le repro­duire bien que je puisse com­prendre l’ar­gu­ment de la grande quan­tité de chien à adop­ter en refuge. Le fait est qu’un chien comme lui de grande taille vivra très pro­ba­ble­ment plus long­temps et en meilleur santé que toutes les races dites de sang pur que l’on trouve sur le marché.
    J’ai eu des chiens depuis tout petit la grande majo­rité d’entre eux qu’ils soient de pure race ou non, lof ou non, nous les avons jus­te­ment récu­péré en refuge, donc je com­prends par­fai­te­ment cet argument.
    Mais tout de même, j’en­rage un peu de ne pas pou­voir le repro­duire au même titre qu’un pur race.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *